Alexan J. McStills

Il paraît que je suis quelqu’un de patient. C’est en tout cas ce que dise mes proches de moi. Pourtant, je ne suis pas d’accord avec eux. La patience n’est pas quelque chose que j’aime. Je n’aime pas attendre, et encore moins faire attendre quelqu’un. Lorsque je pose une question, j’aime bien avoir une réponse immédiate, et pas trente ans après. Mais la plupart du temps, je suis déçu car j’attend, encore et toujours. Je sais bien que parfois, on aime me ménager. Trouver une façon subtile de me dire ce qu’on pense. Ca non plus, je ne peux pas le supporter. J’aime quand on me dis les choses comme elles le sont. Etre franc, j’aime quand on l’est. Surtout que je le suis aussi. Lorsque j’ai quelque chose à dire, je le dis. Et tant pis si ça ne plaît pas aux autres. Je ne vais quand même pas me voiler la face pour eux, si ?! D’une nature très posée, j’ai toujours eu les pieds sur terre, jamais pris la grosse tête. Même s‘il est vrai que mes photos passent souvent en couverture des magasines, je suis toujours resté le même, Alex‘. C’est très important pour moi. Et puis de toute façon, je n’ai jamais utilisé mon vrai nom quand je signais. De cette façon, personne n’aurait pu me relier à ces photos … Je n’aime pas qu’on me prenne de haut, alors je ne le fais pas aux autres. Parfois, il m’arrive d’être très lunatique. Il paraît que ça vient de ma mère, un truc de famille. Mon humeur se discerne dès que j’ouvre les yeux le matin. Lorsque j’ai bien dormi, tout se passe bien. Mais dans le cas contraire … Je ne suis pas du genre insociable. Mais lorsque mon interlocuteur me gonfle royalement, je n’hésite pas à lui faire comprendre et à le laisser en plan. En ce moment, j’avoue être un peu solitaire. Je viens de débarquer dans une ville et un pays que je ne connais pas. Il me faut un certain labs de temps avant de retrouver mes racines. Seulement, je pense que la vie est déjà bien trop courte, pour ne pas perdre du temps avec des personnes qui ne m’apporteront rien. Il est rare que j’accorde un sourire à quelqu’un. Même si au fond, j’adore sourire. J’aime m’amuser, on me considère un peu comme un " fou ", les trois quarts du temps. Je ne suis pas fou, je croque juste la vie à pleine dent. Très protecteur, je n’aime pas quand on fait du mal à mes proches. Mais je n’aime pas non plus la bagarre, malgré ce que l’on pourrait penser de moi. C’est vrai que je rentre souvent chez moi, avec des coquarts ou des bleus sur le visage, mais c’est seulement parce qu’on m’y force en insultant mes amis. Bon d’accord c’est vrai, je suis très colérique et je m’enflamme pour un rien, mais n’allez dire à personne que je vous l’ai confié. Je n’aime pas avouer mes faiblesses, comme tous les hommes, je crois. N’allez pas croire que je ne suis qu’un diable, il suffit simplement de me connaître un peu pour s’apercevoir que je suis tout le contraire.

J’avais l’impression de me regarder dans une glace. J’essayais de lever le bras, mais mon reflet n’exécuta pas. Lui, il se contentait de me fixer. Ce regard … Je l’avais déjà vu plusieurs fois, dans mes rêves. Il revenait souvent me hanter. Mais à chaque fois, ma vision se brouillait et je me réveillais. Seulement cette fois-ci, ce n’était pas un rêve, j’étais bel et bien réveillé. Mon reflet fit alors un pas en ma direction. C’était moi. Ou du moins, il me ressemblait comme deux gouttes d’eau. Sans vraiment savoir pourquoi, j’avais peur de lui. Peur de ce jeune homme qui s’approchait dangereusement de moi. Que me voulait-il ? En voulait-il à ma vie ? Je ne savais rien de lui. Et pourtant, il me ressemblait trop pour prendre ça pour une simple coïncidence … J’avais envie de lui poser des questions, mais ma bouche restait close. Mon reflet avait compris mon silence, car il venait de parler à ma place. Cette voix, pratiquement identique à la mienne. Je ne savais plus qui j’étais à ce moment-là. Tout ce que je savais, c’était que je m’appelais Alexan, et que j’avais vingt-neuf ans. Mais pour le reste … Je laissais alors parler mon clone. Longtemps, très très longtemps … Je ne comprenais pas les mots qui sortaient de sa bouche. Ils n’avaient aucun sens pour moi. Pourtant, je ne l’interrompais pas dans sa tirade. Cela sembla durer une éternité pour moi. Mais je restais toujours planté-là, à écouter cet étranger parler. Lorsqu’il eut fini son petit discours, je le regardais sans vaciller. Mes jambes tremblaient, mais je n’étais pas tout à fait certain qu’il l’ai remarqué. Il se contentait de me regarder, comme toujours. J’avais gardé quelques informations sur lui, lorsqu’il m’avait parlé. Il s’appelait Aaron. J’avais beaucoup trop de mal à encaisser ce qu’il venait de me dire. J’avais du mal à croire ce fameux Aaron. D’après lui, j’étais son frère jumeau. Ca encore, je voulais bien le croire, il me ressemblait trop. Mais pour tout le reste … Avais-je vraiment disparu à l’âge de cinq ans ? Il avait employé le mot " kidnappé ". Quel imbécile, ce Aaron ! Je vivais et avais toujours vécu avec mes parents, Mr & Mrs McStills, et ma petite sœur Elena. Aussi loin que mes souvenirs de petit garçon me revenait, je n’avais jamais eu de frère. Juste un cousin que je considérais comme tel, mais ça n’avais rien à voir avec lui. Aaron s’approcha une fois de plus de moi, avant de tendre sa main en sa direction. Il tenait quelque chose dans sa main tendue : une photo. Je la pris, et vis deux petits garçons qui me regardaient, riant aux éclats. Ils se tenaient tout les deux par les épaules. Au dos, il y avait une inscription : Aaron et Alexan Mitchell, 26 août, 5 ans. Je ne reconnais pas l’écriture, mais j’en compris le sens. Je vivais depuis toutes ses années dans un mensonge. Ma vie n’était qu’un mensonge. Pourtant, je n’arrivais toujours pas encaisser le coup. Il a quelques jours, j’avais emménagé dans ce pays qui m’étais tout à fait inconnu. L’Angleterre me manquait. Londres me manquait. Mais j’avais été obligé de quitter ce pays. Photographe professionnel, je vivais de ma passion. Dans la vie j’avais toujours été comblé dans à peu près tout les domaines. Aussi bien niveau affectueux, professionnel et même amoureux. J’avais été marié pendant trois ans à une merveilleuse jeune femme. Mais à la suite de sa fausse couche, elle a décidé de partir loin de moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c’était de ma faute si elle était tombée dans les escaliers … Alors j’avais aussi décidé de partir à mon tour. Loin de tous ses mauvais souvenirs. Heureusement pour moi, ma petite sœur Elena ma suivit. On a trouvé un petit appartement sympathique dans cette ville. Loin de toutes ces villas majestueuses que l’on peut apercevoir ici. Sans le vouloir, j’avais repensé à toute ma vie en quelques instants. Kelsey, mon ex femme, me manquait terriblement. Mais à présent, je devais me montrer fort et à la hauteur. Aaron se trouvait toujours devant moi, et j’avais une peur bleue de ce qui m’attendait encore … Moi qui voulait commencer une nouvelle vie ici, j’allais être servi !